DIDIER CROS

Encre sur papier “Arbre”.

NOIRE exposition Juin 2018

La trace, la suie, l’ombre, la tâche.

Valeur : la croche.

La matière / La lumière

Encre. Fusain, pastel, graphite, huile, poudre, pâte, enduit.

NOIRE, la :

Trace, tâche, éraflure ; la Noire est une marque, trace un signe, pose un point et bascule au trait signe délimite et anime une surface sensible.

La Noire est cette sensible, la durée d’une note pointée, la noire qui a la suite d’un accord va infléchir, toucher et bouleverser la trame chromatique,

faire ondoyer le sentiment au fil du thème musical. 

Elle est aussi Noire, car l’on aura préféré son adjectif, cette notion qui est celle d’une valeur, au contraire de son nom bien trop sérieux surtout si il est au masculin. 

NOIR, le.

Noir, le ; valeur suprême, sévère que bataillent les mâles autoritaires, les matadors dressés entre sommités de l’art, tel le prêtre Soulages ou Anish Kapoor, ce dernier, star s’arrogeant l’exclusivité d’un nouveau NOIR, issu de recherches chimiques de pointe, un noir absorbant toute luminosité, le noir que nul autre n’aura.

- J’estime chargée de la légèreté noire de vernis d’ébénisterie Didier Cros, utilise le noir Napoléon, pour les monotypes ‘’ Toros’’, dans les portraits de son arbre décomposé dans ces séries d’encres sur papier chiffon, déclinés en toutes leurs tâches expressives, l’épaisseur du tracé que souligne les poses de ses Pies comiques.

- La Noire laine du surplis couvrant la guimpe fraiche des religieuses fantomatiques du très littéraire et fantaisiste Loïc Madec dans sa série des Nonnes inspirées de la religieuse de Diderot.

- La Noire comme une tâche, la noire valeur de l’encre étalée par la stridence de spleen l’humeur noire de Leo Zogmayer.

- Noire est cette lumière qui anime les traces d’Elisabeth Batard, sur ses toiles composées d’ empâtements d’huile noire, où le combat avec les huiles chargées des pigments de couleurs s’exhibent relâchés en vives en éclatantes formules d’une spiritualité primaire, une puissance archaïque.

- La Noire atmosphère de la toile tranché en deux parties, pour l’inconcevable ‘’Brooks’’ de Steph Goodger un épisode historique lugubre nous glaçant au cœur par l’indicible, l’innommable, l’impensable. Et c’est une sensation que nous tenterons de partager avec les ‘’passagers’’ silhouettes serrées dans ces bateaux pour l’enfer, noire est la lumière de leur périple, exceptés les échos des clapotis et du ressac des vagues entendus au fond de leurs soutes geôles, la seule fraicheur est cette sensation lumineuse sépulcrale.

- La Noire austérité du point, du trait, des volutes, trajectoires tracées et distances cosmiques à l’origine du mouvement spirituel et cosmogonique qui compose les  toiles et les dessins de Miloslav Moucha.

- La Noire d’encre libre des silhouettes démesurément féminines dissoutes, disposées sur des papiers de rien par Georges Romathier.

- Les noires hystéries et le ressentiment expressionniste d’Heinrich Nikolaüs dans cette série de dessins au graphies violemment obstinées où son portrait en crise de la série ‘’Böechlin ist Tot’’..

- Les noires hachures froissées où la trace répétée obstinée est creusée dans les papiers de Jean Michel Correa.

- Magistrales sont les cimes noires, à l’imaginaire horizon des obsessions de Martine Dubilé, dans cette série de gravures aux particules singulières, et les deux surfaces de cimes imaginaires, emportant une nouvelle scansion géométrique suite dans sa série de peintures des accastillages de Fécamp.

- Les quartiers balnéaires de Beyrouth sous les bombes transformés en un paysage graphique et motif de paysage intraduisible et distanciée ou le drame de la photo de Fouad Al Khoury.

- La griffure délinquante noire condensée sur la toile de Christopher Lebrun.

Et deux découvertes les papiers envahis de traces ensevelissant l’espace que Alexandre Clanis conquiert. La performance noircissant la feuille entière d’un 40x60 avec la transcription à la machine à écrire, du texte de toutes les pages du livre de  Horace Mc Coy, « on achève bien les chevaux » par l’artiste Amandine Pierné.

La lecture mis en exergue pour accompagner cet accrochage, sera celle de ‘’Personne ne gagne ‘’ de Jack Black, auteur masculin américain, ou prête nom au fugace héros d’un récit dont la tragédie d’une personne engagé dans une spirale de dissolution morale, est comme une antithèse hallucinée d’un thème du genre littéraire le récit formateur, ou la découverte de la vie et du tragique destin qu’un enfant devenu adulte en une nuit découvre, comme celui du héros de ‘’l’attrape cœur’’ de Salinger. Le contre héros de Jack Black comme une face cachée, nous entrainant dans un contre récit du rêve américain, le cauchemar des déclassés au début du XXème siècle aux USA, un récit de vie noire.

Des œuvres (au noir…) majoritairement développées et présentées sur papier.