Loïc Madec
par Annie Cohen le 26 août 85
« On pourrait parler d’une peinture de l’élan, une peinture du mouvement - souvent brusque et frénétique.
On pourrait parler d’une peinture qui cherche à s’échapper par le haut, hors du cadre, après avoir traduit
le péril ou le danger à traverser l’esprit créatif ».
Loïc Madec est avant tout natif du Finistère Nord, hôte des Aber (le breton pour
estuaire) le Wrac’h, où dansent dans de magnifiques criques des pins maritimes vigies comme virgules ou traits de pinceaux, dans les matinées brumeuses, leurs spacieuses cimes griffant les feux des soleils
couchants magistraux sur cette partie de la Manche au Nord Oues ils s’inscrivent, telle
l’encre noire, comme une calligraphie en opposition.
Madec, c’est son nom, il le signe, c’est un peintre de Bretagne, dont une longue
tradition de peinture aux couleurs fortes, aux huiles lumineuses, aux portées
essentielles, comme les oeuvres de Mathurin Méheut. Il se livre lui aussi
quotidiennement à la pratique de croquis rapides, précis, emportés, d’un geste sur, où
tout mouvement d’expression, de position est saisi au moment même où ils
interviennent dans une scène, comme la narration transcrite dans une lecture tracée en
dessins.
On retrouve dans ses toiles les vibrantes exaltations de la couleur issues de la libération
de l’école des Nabis, stridences et hauteurs de tons à la Sérusier, Maurice Denis, Emile
Bernard. Le maître de « la couleur au cœur »*. La grâce d’un Matisse, celui qui aura
annoncé, induit et influencé la nouvelle figuration libre des années 80, période durant
laquelle Loïc Madec aura livré quelques unes de ses expositions à Paris, ainsi de la
série des Religieuses, aux noirs gris et blancs du fusain, graphites, pastels, dont la
trame narrative d’exposition est basé sur le récit de la Religieuse de Diderot, cette exposition aura
rencontré un beau succès en 1989 à la Galerie Lamaignère-St Germain.
Lecteur et amateur passionné des mythes de l'histoire antique, ces contes qui sont comme autant
de récits miroir des passions de l’âme, où les tourments de la psyché humaine sont
grimés en de futiles destin, ces récits sources déterminant les racines de notre culture européenne, ces
tragédies accompagnent et éclairent toujours les tourments modernes de nos brèves
existences. Des contes entre autres qui inspirent et animent Loïc Madec, le peintre au jardin atelier
de l’Aber Wrac’h, depuis les épopées de Gilgamesh, l’Odyssée et l’Iliade d’Homère,
toutes ces mentions du vestige de récits fondamentaux qui hantent les sites de
Thermesos, la baie de Kaleköy, les ruines de Mycènes et le mémoire de Carthage.
Les muses ont trouvé séjour en son jardin, à l’Aber Wrac’h, là où il expose l’été, au
milieu de ses sculpte topiaires, nouveau médium naturelle en quatre dimensions, liant
l’art des jardins et l’art de l'illustration des jardins, l'admirateur des plantes, épicurien
savant dont les planches d’Aubusson sont le missel, quand il abandonne les littératures
mythiques ou les histoires sacrées de reliques proches telle le bienfait du simple Saint Salaün.
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Sala%C3%BCn_ar_Foll).
D’autres thèmes, les suites perses, les scènes mythologiques
d’Acis et Galatée mises en scènes par Nicolas Poussin dont il use les motifs dans une variation
entre le traitemennt graphique et la décoration.Ces thèmes trouvent leurs racines entre un usage de l’histoire et de la littérature, du
récit et des charges affectives et culturelles que recèlent la mention des noms illustres, imaginaires, les légendes
devenus symboles et base de notre civilisation, les œuvres de Loïc Madec charrient
leurs lots de références, d’une littérature, d’un savoir culturel et vulgaire, enluminés sous
l’angle de ses interprétations graphiques, de toute sa liberté d’interprétation.
Une peinture et un dessin prolifique, Loïc peint et dessine éperdument depuis les
années 80, une illustration de tous ces récits, dans un geste «coup de crayon» qui
attrapera avec subtilité les raffinements de sens, les poses corporelles, l’engagement
d’un corps, une gestuelle jetée ensuite à la couleur, vive, avec une force du débord,
dans des toiles qui sont exécutées avec l’assurance de la trace, vive en un trait.
La suite espagnole, ce sont des tentures, des capes de parade ou de "pénitents", des toiles et des
dessins qui glorifient deux héros espagnols: le matador et le toro et un évènement: la corrida.
Seule compte ici la nécessité de transcrire l'exubérance des émotions éprouvées aux faenas de
Séville, lorsque le matador Espectaco affrontait les toros Miura. Il n'y a dans La Suite espagnole
ni lyrisme, ni effet poétique outrancier, ni exotisme, ni reportage anecdotique: dans la corrida,
l'intérêt est la geste héroïque, dans le matador, c'est l'humilité et la fragilité cachée sous
l'impassibilité du visage, sous la rigidité de l'habit. C'est parfois une certaine désinvolture dans les
pauses et devant le danger, une constante rigueur des attitudes. C'est la piété dans chaque acte...
Dans le toro, c'est le Minotaure, La majesté et la puissance sauvage dans les ganaderias
andalouses, puis, dans le toril et l'arène. C'est la virginité de l'animal, sa peur et son combat offert
en holocauste...
Dans les matières, c'est la rigidité de l'habit et la fluidité des capes. C'est la violence des couleurs
et le baroque des broderies que portent les héros solaires, c'est le cuir noir des cuatrenos, leur
sang, et l'ocre du sable brûlant de l'arène. C'est l'ombre et le soleil...
Dans les gestes, c'est la communion chorégraphique entre l'homme et la bête, c'est la beauté
athlétique des corps ceints, des cambrures extrêmes, l'immobilité et les charges, la force et la
justesse des attitudes nées de l'expérience et de la bravoure.
C'est une peinture de l'élan et du mouvement où la force de chaque trait devait témoigner de
l'ampleur du risque à peindre et d'un combat violent, vital et acharné; "Instinct ravageur et
confrontation exigeante, le mouvement se poursuit et la peinture s'affirme dans cette présence
musculaire ou gestuelle instinctive; ainsi, on peut parler d'une victoire sur tout ce qui retient,
empêche; ainsi le corps existe et l'acte est posé"
Nous parlerons de péchés
de Gourmandise
"Car il en va ainsi de l'huitre
qui, d'un geste l'autre, court à sa perte,
pour le plus grand bonheur du gourmet" Hogarth
d'Orgueil
devant l'étalage de telles richesses et de riches atours en matières noblement dépeintes,
de Paresse
devant cette abondance de mets et de sucreries aux sensations étranges, voluptueuses,
d'Avarice
car à mes pieds ces trésors d'or et d'argent, ces couronnes symboles de Pouvoir,
d'Envie
d'une Connaissance jamais assouvie, de ces livres ouverts et de collections accumulées,
de Luxure
aux crânes fragiles couronnés
aux chairs opulentes dévoilées
a la Mortification,
de Colère
de par mon impuissance à dépasser le temps;
Comme pour un collectionneur, des commentaires, des références et une galerie à disposition qui
apportent un éclairage sur un travail aux sources multiples. Bon voyage
"Pages Toscanes" - Espace Commines
1997 - "French operas from the beginning to current times " -French Library - Boston.
1994 - "Salaün: le mois de février " - Galerie Marie-Laure Lesec - Vichy
- Metropolitan Opera Gallery - New York
1992 - Galerie Lamaignère - St-Germain - Paris.
1991 - "Suite Perse " - Pernod Mécénat - Pyramide Pernod - Créteil.
1989 - Galerie Lamaignère - St Germain - Paris.
1987 - Galerie Lucie Weill - Seligmann - Paris.
1987 - "Termessos - Kalekoï" - Galerie Lamaignère St-Germain - Paris.
1986 - Galerie Alisan Fine Arts Limited - Hong-Kong.
1986 - Works II Gallery - Southampton - New York
1985 - Atelier Guy Mondineu - Paris.
"Salaün" - Espace Commines - Paris.
1995 - "Art en Direct: la Suite Espagnole" - Galerie Elysées Rond-Point - Paris.
1994 - Metropolitan Opera Gallery - New York.
1994 - Salon MUSICORA - Fondation France Télécom - Paris.
1993 - Salon SAGA - Grand-Palais - Paris.
1992 - Salon " Découverte" - Paris.
1992 - L''Europe des Cafés Littéraires
1991 - Salon "Découverte" - Paris.
1991 - "Cadavres Exquis "- Galerie Lamaignère - St-Germain - Paris.
1990 - Salon de Montrouge.
1989 - Biennale de la Jeune Peinture -Cannes.
1989 - "Humour et Révolution Française" - Gérone - Espagne.
1988 - Salon de Brive.
1988 - Salon " Art Jonction" - Nice.